« Là où il y a des monstres, il y a des miracles », écrivait le poète américain Ogden Nash. Une citation qui aurait très bien pu se trouver en exergue du Yark.
Mais qu’est-ce que le Yark ? Les plus observateurs auront certainement notés qu’il s’agissait du titre d’un roman écrit par Bertrand Santini et illustré Laurent Gapaillard. Mais en vérité, c’est bien plus que ça. Le Yark est une étrange créature poilue, griffue et pourvue d’une petite paire d’ailes ressemblant à celle d’une chauve-souris. Son pêché mignon ? Les enfants ! Mais pas n’importe lesquels. Car l’estomac du Yark est assez capricieux et il ne tolère que la chair tendre et savoureuse d’un enfant sage. Les vilains garnements lui donnent des maux de ventre insoutenables et parfois même des boutons.
Afin d’éviter une nouvelle déconvenue, le Yark décide de mettre le cap au nord, direction la maison du Père Noël. Là, il dérobe la liste des enfants sages puis part alors en quête de son repas. Et c’est le début des tracas pour le Yark.
Graphiquement Laurent Gapaillard se surpasse et nous livre ici des illustrations de toutes beautés. Le Yark semble jaillir de la page tant le trait est précis et soigné. On a même l’impression de feuilleter le carnet de croquis d’un explorateur, traquant la bête merveilleuse dans son habitat naturel, la croquant sur le vif pour en restaurer toute l’authenticité.
À la barre de ce navire, voguant sur les flots de l’imagination, se trouve Bertrand Santini dont la poésie enchanteresse nous porte tout au long de l’aventure. On se prend d’affection pour cette étrange créature dont le seul souci est de pouvoir se sustenter d’enfants terribles. Enfin, jusqu’à ce qu’une petite fille inverse la tendance. Chose que le Yark n’aurait jamais pensé se produire.
Une bien jolie fable sur la différence. Un texte touchant qui nous renvoie à nos peurs d’enfants, qui réduit la limite entre rêves et réalité à une peau de chagrin, si mince que l’on peut la franchir rien qu’en ouvrant la première page du livre.
Ogden Nash avait raison. Yarkement raison.